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Pétition La recherche biomédicale est en danger, soutenons-la par deux mesures simples !

Pour:Mme la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

Pourquoi parler de la recherche alors que nous traversons une grave crise financière et économique ? Parce que la qualité de la science et de la technologie est une des richesses de la France. Les succès des scientifiques en France, notamment en biologie et santé, l'attestent. Le futur des industries de ce secteur, en particulier des biotechnologies, créatrices d'emploi, en dépend. Mais cet atout, essentiel pour l'avenir, est très fragile : la science évolue rapidement, les enjeux sont mondiaux et la compétition féroce. Il est dans l'intérêt du pays de tout faire pour que sa recherche reste dans les premières places. Pourtant deux dangers menacent gravement l'avenir de notre recherche à court terme.

DANGER DE DIMINUTION DES FINANCEMENTS

Le premier danger est la diminution des financements attribués par l'Agence nationale de la recherche (ANR). Du fait des avancées méthodologiques, la recherche coûte de plus en plus cher et les équipes françaises ont besoin des moyens nécessaires pour être compétitives. Tous les pays développés disposent d'agences (ou équivalents) de financement dits "sur projet".
Le principe est simple : en réponse à un appel à projets, les chercheurs intéressés proposent des projets de recherche dont ils estiment le coût. Les demandes sont classées par un comité d'experts en fonction de leur qualité et de leur chance de succès. Les projets les mieux classés sont financés selon le budget disponible. Ce système concurrentiel fonctionne bien à condition de respecter des règles simples : une évaluation par des experts scientifiques internationaux et des financements suffisants, sur des durées suffisamment longues (4 ou 5 ans) pour que des projets nouveaux et ambitieux aient une chance d'aboutir. Pour qu'un tel système soit viable et permette aux équipes de qualité de travailler efficacement, le taux de succès des appels à projet annuels doit être raisonnable (de l'ordre de 20 %). Enfin, la majorité des appels à projets doit correspondre à des appels non thématiques (dits "blancs") dans lesquels le thème des projets est choisi librement par les chercheurs.
C'est un point capital car la recherche étant aux limites des connaissances, il est impossible de prévoir où et comment se feront les avancées importantes. Le meilleur guide de sélection est la qualité des chercheurs et de leurs projets. L'ANR a eu un rôle moteur, mettant en place en 2005 un mode de financement adapté aux standards internationaux, notamment pour les équipes débutantes. Cela s'est traduit par une amélioration des publications biomédicales. Certes l'ANR souffre de défauts, surtout d'une complexité administrative excessive, qu'il serait facile de corriger tout en maintenant les moyens.
Hélas, l'orientation actuelle va en sens inverse : le budget total a été diminué de 73 millions d'euros et le budget de la biologie santé et des appels non thématiques de 15 %. Pire, des informations circulent sur une disparition pure et simple de ces programmes de l'ANR dès 2014. Les sommes correspondantes seraient transférées de l'ANR vers les organismes de recherche (CNRS, Inserm, ITMO...). Malheureusement, ce transfert ne permet qu'une très faible augmentation diffuse des financements institutionnels des laboratoires. Les équipes ne pourront donc plus obtenir de manière compétitive les fonds nécessaires pour leur travail. Une telle situation serait catastrophique pour la recherche biomédicale.

LA MISE EN PÉRIL DU TRAVAIL DES MEILLEURES ÉQUIPES

Le deuxième danger concerne les personnels. Il est lié à l'application de la loi n° 2012-347 du 12 mars 2012, dite loi Sauvadet, à la recherche scientifique, sans tenir compte de ses spécificités. Cette loi destinée à lutter contre l'emploi précaire a, dans notre domaine, des conséquences inverses de ce qui était recherché tout en mettant en péril le travail des meilleures équipes.
Il faut d'abord rappeler que dans les laboratoires de biologie du monde entier, la recherche est faite par des équipes de petite taille, de 5 à 15 personnes, dont la plupart sont des doctorants et des chercheurs "post-doctorants". Les chercheurs post-doctorants sont de jeunes chercheurs titulaires d'un doctorat (au minimum bac +8) qui effectuent un travail innovant, hautement qualifié, pour une durée limitée. Le rôle des post-doctorants est souvent ignoré ou mal compris en France. Pourtant, la contribution de ces jeunes scientifiques est essentielle car ils apportent le dynamisme, la motivation et l'inventivité nécessaires au succès de la recherche. En travaillant après leur thèse dans une ou plusieurs équipes ils acquièrent une compétence irremplaçable, de très haut niveau dans différents domaines. Le post-doctorat est ainsi une étape indispensable, très souvent internationale, de la carrière des chercheurs qui ont besoin de se confronter à des approches, des questions et des cultures différentes pour développer au mieux leur potentiel.
La loi Sauvadet stipule que toute personne ayant été employée six ans dans la fonction publique au cours des huit dernières années, est en droit d'obtenir un contrat à durée indéterminée. Les établissements publics de recherche ne disposant pas des ressources nécessaires pour créer de tels contrats ont réagi par des mesures très restrictives. Ils limitent la durée possible d'emploi des post-doctorants à trois ans ou moins, avec de rares extensions possibles à cinq ans. Cela crée des situations dramatiques dans nos laboratoires : des jeunes chercheurs compétents sont privés d'emploi quasiment du jour au lendemain, même si leur équipe dispose des fonds nécessaires pour les rémunérer... Il devient difficile à ces jeunes chercheurs de trouver un autre emploi. Les personnels techniques de la recherche, ingénieurs et techniciens, sont confrontés aux mêmes conséquences négatives, avec des restrictions encore plus strictes pour ces derniers.

DES EFFETS PERVERS DE LA LOI SAUVADET

La loi Sauvadet a donc des effets pervers dont le coût humain est considérable alors que des mesures simples seraient bien préférables : amélioration de l'accueil des étrangers (les post-doctorants sont souvent internationaux), aide aux prêts immobiliers ou aux cautions de loyer, formations et conseils personnalisés pour faciliter les reconversions et l'accès ultérieur à un emploi stable... L'application de la loi va aussi rendre les équipes incapables de remplir leurs missions faute de personnel et éloignera encore davantage les jeunes de la recherche.
Pour tenter de "résoudre la précarité", certains réclament la titularisation massive des post-doctorants. Outre son coût irréaliste, une telle mesure aurait des conséquences délétères à moyen et long terme, obérant les possibilités ultérieures de recrutement et figeant des personnes dans des postes qui auraient dû leur servir de tremplin vers d'autres développements professionnels. Si une augmentation du nombre des recrutements de chercheurs et personnels techniques statutaires est indispensable lorsque l'état du pays le permettra, un recrutement massif indiscriminé serait une fausse "bonne idée" qui bloquerait la situation pour le futur. En revanche, l'excellente formation des docteurs et post-doctorants, malheureusement très sous-évaluée en France, doit être reconnue à sa juste valeur. Cette compétence peut être mise à profit non seulement dans la recherche publique mais aussi dans d'autres activités, dans l'industrie, l'enseignement, les services, l'administration, etc. C'est à la revalorisation du statut des post-doctorants et de leurs débouchés qu'il faut s'attaquer à tout prix.

DEUX MESURES SIMPLES ET URGENTES

Les deux dangers récents que nous pointons ici sont au cœur des préoccupations des équipes de recherche. Les conséquences pour la qualité de la recherche biomédicale française et pour les jeunes chercheurs et personnels techniques de la recherche seront catastrophiques. Deux mesures simples sont urgentes et indispensables :
Ramener la part de financement de l'ANR dans le budget de la recherche à son niveau antérieur avec une priorité absolue aux appels non thématiques.
Ne pas appliquer sans discernement la loi Sauvadet à l'emploi scientifique dans la recherche publique.
Notre ministre a affiché son intention d'améliorer l'organisation de l'enseignement supérieur et de la recherche en écoutant les scientifiques. Nous espérons qu'au-delà des dogmatismes et des prises de position idéologiques de tous bords, les mesures simples que nous proposons seront rapidement mises en œuvre.

Rédigée par les lauréats de la Fondation Schlumberger pour l'Enseignement et la Recherche :

Laure Bally-Cuif, Directrice de Recherche CNRS, Group Leader
Deborah Bourc'his, Directrice de Recherche INSERM, Group Leader
Christian Braendle, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
Jean-Laurent Casanova, Professeur, Rockfeller University (USA) , Group Leader
Giacomo Cavalli, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
Alain Chédotal, Directeur de Recherche INSERM, Group Leader
Patrick Collombat, Directeur de Recherche INSERM, Group Leader
Bénédicte Delaval, Chargé de Recherche CNRS, Group Leader
Gérard Eberl, Directeur d'équipe Institut Pasteur, Group Leader
Arnaud Echard, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
Anne Eichmann, Directrice de Recherche INSERM, Group Leader
Jost Enninga, Group Leader Institut Pasteur
Sandrine Etienne-Manneville, Directrice de Recherche CNRS, Group Leader
Frédéric Geissmann, Professeur London King's College, Group Leader
Jean-Antoine Girault, Directeur de Recherche INSERM, Group Leader
Edith Heard, Professeure au Collège de France, Group Leader
Sophie Jarriault, Chargé de Recherche CNRS, Group Leader
Thomas Lecuit, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
François Leulier, Chargé de Recherche CNRS, Group Leader
Pierre-Marie Lledo, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
Patrick Mehlen, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
Lionel Navarro, Chargé de Recherche CNRS, Group Leader
Mario Pende, Directeur de Recherche INSERM, Group Leader
Philippe Pierre Directeur de Recherche INSERM, Group Leader
Thomas Préat, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader
Benjamin Prud'homme, Directeur de Recherche CNRS , Group Leader
Bernardo Reina-San-Martin, Chargé de Recherche INSERM, Group Leader
Nathalie Vergnolle, Directrice de Recherche INSERM, Group Leader

Premiers signataires :

Sebastian Amigorena, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences
Bernard Malissen, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences
Marcel Mechali, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences
Dino Moras, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences
Jacques Pouysségur, Directeur de Recherche CNRS, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences
Alain Prochiantz, Professeur au Collège de France, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences
Hugues de Thé, Professeur de médecine, Group Leader, Membre de l’Académie des Sciences



Les signataires

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